« Rappelons encore, à ce propos, que le sens propre du mot Islâm est «
soumission à la Volonté divine » (1) ; c’est pourquoi il est dit, dans
certains enseignements ésotériques, que tout être est muslim, en ce sens
qu’il n’en est évidemment aucun qui puisse se soustraire à cette
Volonté, et que, par conséquent, chacun occupe nécessairement la place
qui lui est assignée dans l’ensemble de
l’Univers. La distinction des êtres en « fidèles » (mûminîn) et «
infidèles » (kuffâr) (2) consiste donc seulement en ce que les premiers
se conforment consciemment et volontairement à l’ordre universel, tandis
que, parmi les seconds, il en est qui n’obéissent à la loi que contre
leur gré, et d’autres qui sont dans l’ignorance pure et simple. Nous
retrouvons ainsi les trois catégories d’êtres que nous venons d’avoir à
envisager ; les « fidèles » sont ceux qui suivent le « chemin droit »,
qui est le lieu de la « paix », et leur conformité au Vouloir universel
fait d’eux les véritables collaborateurs du « plan divin ». »
NOTES :
(1) Voir « Le Roi du Monde », ch. VI ; nous avons signalé alors
l’étroite parenté de ce mot avec ceux qui désignent le « salut » et la «
paix » (Es-salâm). (2) Cette distinction ne concerne pas seulement les
hommes, car elle est appliquée aussi aux Jinns par la tradition
islamique ; en réalité, elle est applicable à tous les êtres.
[René Guénon, Le Symbolisme de la Croix, chap. XXV - L’arbre et le serpent]