dimanche 29 novembre 2020

POTUS

 

Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi, mais je ne vois pas en quoi le monde ira mieux avec Joe Biden (je ne parle pas de la politique interne des États-Unis, je ne suis pas américain pour juger de leurs choix sociétaux). Membre de l'establishment, Biden a voté les réformes de Reagan, la guerre en Irak et le Patriot Act de Bush. Il a volé au secours de Wall Street et des banques en 2008, et soutenu toutes les interventions militaires étrangères d’Obama.

Trump a été élu Président des États-Unis en 2016. Pourquoi ? Chez eux comme chez nous c'est -selon moi - le chômage et la défiance envers les politiciens garants autoproclamés de la démocratie qui facilite l'adhésion au mouvement dits "populistes". Au fil des scandales de corruption, mensonges, trahison, abandon de l’intérêt public au profit de lobbys privés et répressions violentes de la contestation, forcément la confiance s’étiole. C’est mathématique.

Certes le Donald est un bourrin, plusieurs de ces déclarations sont loin du politiquement-correct et ça regorge de préjugés racistes si l’on se base sur cette liste dressée par le Courrier International par exemple.

Cependant de nombreuses critiques sur Trump depuis son élection cachent mal le parti pris des médias. Ainsi, cette vidéo de Biden ne respectant aucunement les distanciations sociales avec des gosses, aurait sans aucun doute fait le tour de planète si la grande gueule au teint orange en avait été l'acteur.

Si l'on commence par le scandale de la séparation des enfants de parents clandestin, il s’agit d'une mesure (contestable) mise en place avant Trump, qui fut "rarement appliquée sous Obama" (si je me réfère à cet article de 20 Minutes). "Rarement" ne veut pas dire "jamais" et pourtant les médias n'ont jamais relevé l'application de cette loi auparavant. Face à la médiatisation de cette procédure, Trump y a renoncé.

Concernant le mur avec le Mexique, sujet polémique du débat du mandat, cette idée était aussi populaire chez les Démocrates. D'ailleurs la construction d'une "barrière" étendue sur 40% de la frontière fut votée sous Georges Bush en 2006 (Hillary Clinton a voté pour lorsqu'elle était sénatrice à l’époque) et Barack Obama en a édifié par la suite la majeure partie.

Pour ce qui est de l'Obama Care, même s'il y avait certainement de bonnes choses, contrairement à ce qui a été dit, il ne s'agit pas d'une assurance publique, ce système a rendu l’assurance santé obligatoire et donné le monopole à 3 compagnies qui se sont entendues pour augmenter leurs tarifs. L'Obama Care était critiquée par les Républicains, mais aussi par une partie des Démocrates.

Et les bavures policières, à entendre nos "spécialistes" ce serait la faute de Trump. Comme si l'expression raciste n'existait pas sous Obama. D'ailleurs le slogan "I can't breathe" de Black Lives Matter a pour origine la mort d'Eric Garner en 2014 (sous Obama) par exemple. Suite à l'assassinat de George Floyd, j'ai eu l'impression qu'il ne s'était rien passé en 8 ans de présidence Obama et Trump en serait responsable. Aux États-Unis la police d’État est sous l'autorité du gouverneur de l’État. Et pour Floyd (mort dans le Minnesota), le gouverneur Tim Walz est démocrate pour la précision. Au fait, où en est l’enquête sur la relation entre Floyd et Chauvin le flic qui l’a assassiné ? Perso ça m’intéresse d’en savoir davantage sur leurs liens, étant donné qu’ils auraient bossé ensemble pendant longtemps en tant qu'agents de sécurité pour le même resto.

Au passage le mouvement Black Lives Matter est critiqué y compris par des membres de la communauté noire pour qui ce mouvement est une récupération du parti Démocrate de leur cause

D'ailleurs il est faux de prétendre qu'il n'existe pas de noirs et latinos pro-Trump, la réduction du chômage par le protectionnisme a joué un rôle important.

À côté de ça, Trump prétendait se battre en coulisse contre un “État Profond” assurant une continuité de la politique US peu importe le bord politique, ce qui lui a valu d'être traité de "conspirationniste". Or nier le "Deep state" sous prétexte que Trump utilise ce terme, c'est jeter bébé avec l'eau du bain car il y aurait beaucoup de choses à dire sur le complexe militaro-industriel US.

C’est comme nier l’implication de certains membres de l’Élite dans des réseaux pédophiles, sous prétexte que le mouvement QAnon (pro-Trump) se focalise là-dessus. À moins de vouloir minimiser le rôle de personnalités comme Bill Clinton, le Prince Andrew, Ehud Olmert and co dans l’affaire Epstein / Maxwell. Pour en revenir à QAnon, je ne sais pas quoi en penser. J’ai vu d'horribles vidéos comme celle-ci (âmes sensibles s'abstenir), censée venir de chez eux. D’où viennent ces images ? Si Trump démantèle des réseaux pédocriminels, pourquoi n’a t-il pas capitalisé là-dessus ? OK les médias sont contre lui, mais ça aurait dû en faire réagir, pas seulement ceux d’extrême droite ?

Sans dire que ce soit parfait avec Trump, il faut reconnaître qu'aucune nouvelle guerre n'a été déclarée en 4 ans de mandat (qu'on me reprenne si je me trompe) alors que beaucoup prédisaient une 3e Guerre Mondiale lors de son élection. Il a même reconnu que les États-Unis n'avaient rien gagné en causant la mort de Saddam Hussein et Irak et Mouammar Khadafi en Lybie. Qui peut contredire Donald lorsqu'il dit que la situation actuelle au Moyen-Orient est pire qu'avant l'ingérence US

Au final, avec Trump nous avons eu en 4 ans le retrait des troupes de Syrie, la pacification des relations avec la Russie et la Corée du Nord, sans parler du rôle de Trump dans la normalisation des relations entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn cet été.

Et puis, la théorie du complot selon laquelle Trump serait à la solde de la Russie a la dent longue, malgré les conclusions du rapport Mueller qui prouvent l’absence de connexion Trump / Poutine dans sa campagne de 2016.  Visiblement il y a les bonnes théories du complot et les mauvaises, tout dépend des intérêts qu’elles servent.

De son côté Obama a eu le Prix Nobel de la Paix, en étant "le seul président dans l'histoire du pays à accomplir deux mandats entiers à la tête d'un pays en guerre".  

C'est à ces petits détails que l'on mesure le parti pris des médias. Chez nous, ils auront soutenu Trump uniquement lorsque les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont frappé la Syrie en avril 2018... intervention militaire contraire au droit international, sans l'accord du Conseil de sécurité et de l'ONU. Ça aurait dû mettre la puce à l'oreille.

Sur le plan géopolitique j'ai critiqué les décisions de l'administration Trump sur plusieurs points : transfert de l'ambassade US à Jérusalem (comme promis à l'AIPAC auxquels sont soumis tous les prétendants à la présidence des États-Unis, ingérence qui semble ne pas poser problème), soutien à l'agression des saoudiens contre les yéménites, blocus contre le Vénézuela ou assassinat du général iranien Soleimani en début d'année... Malgré tout (mais peut-être ai-je tort) il me paraît bien moins impérialiste que Bush et Obama. De plus ses critiques envers l'OTAN m’ont font espérer qu'à l'avenir la France cesse de servir les intérêts de puissances étrangères en s'engageant dans des conflits qui ne la concernent pas. Car nous sommes aujourd'hui bien loin de 2003 et du discours de De Villepin à l'ONU contre la guerre en Irak...

Bref, sur le plan géopolitique depuis des lustres les États-Unis instrumentalisent des groupes minoritaires pour renverser des régimes hostiles à leurs intérêts (cf. ce documentaire de Manon Loizeau). Aujourd'hui je trouve cocasse de les voir s'administrer cette recette, au moment où leur président lâche un peu la grappe au reste du monde.

Si la procédure judiciaire concernant les soupçons de fraude conclut à une victoire de Trump à l’élection, il aura gagné. Mais à mon avis ça ne changera rien. Et surtout ça alimenterait probablement une guerre civile. 

En tout cas, je note que les GAFAM (les géants du Web), des entreprises privées, ont censuré en direct le président des États-Unis sans que cela n’émeuve personne, sans aucune considération pour la Charte Déontologique du journalisme de Munich. De même que le verdict des élections américaines a été donné à la place des autorités seules habilitées. Une bonne partie de ceux qui voient la menace fasciste à tous les coins de rue, ne semble pas avoir compris que se réalisait devant leurs yeux le vœu de David Rockfeller émis le 1er février 1999 au magazine américain Newsweek :

« Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. »

À moins d’un coup de théâtre, la parenthèse Trump est terminée. Il serait désormais temps de se débarrasser de toutes ces “Fake News” qui polluent notre monde libre...

https://www.arretsurimages.net/articles/ahmadinejad-venezuela-lafp-tv-deforme-le-discours-de-chavez

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/poutine-chasseur-de-tigre-france-2-s-excuse-apres-un-sujet-sur-les-vacances-du-president-russe-13-08-2018-7852062.php

https://www.lepoint.fr/monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php

Les journalistes et autres experts politiques seront-ils autant au taquet pour dénoncer les écarts de Biden et l’”Axe du Bien” autoproclamé ? Là-dessus je ne me fais pas d’illusion.

 

"Le futur appartient aux nations souveraines et indépendantes qui protègent leurs citoyens, respectent leurs voisins et honorent les différences qui rendent chaque pays spécial et unique".  

Discours de Donald Trump lors de la 74e assemblée générale des Nations Unies le 24 septembre 2019.