Beaucoup, se laissant tromper
par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans ce monde comme deux
principes opposés (le Bien et le Mal) se disputant la suprématie,
conception erronée qui est, au fond, la même chose que celle qui, en
langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort
ou à raison, on attribue communément aux Manichéens […]
C’est toujours en somme, le point de vue partiel qui est « maléfique », et le point de vue total, ou relativement tel par rapport au premier, qui est « bénéfique », parce que tous les désordres possibles ne sont tels qu’en tant qu’on les envisage en eux-mêmes et « séparativement », et dont, dépouillés de leur aspect « négatif », ils sont des éléments constitutifs au même titre que toute autre chose ; en définitive, il n’y a de « maléfique » que la limitation qui conditionne nécessairement toute existence contingente, et cette limitation n’a elle-même en réalité qu’une existence purement négative. Nous avons parlé tout d’abord comme si les deux points de vue « bénéfique » et « maléfique » étaient en quelque sorte symétriques ; mais il est facile de comprendre qu’il n’en est rien, et que le second n’exprime que quelque chose d’instable et de transitoire, tandis que ce que représente le premier a seul un caractère permanent et définitif, de sorte que l’aspect « bénéfique » ne peut pas ne pas l’emporter finalement, alors que l’aspect « maléfique » s’évanouit entièrement, parce que, au fond, il n’était qu’une illusion inhérente à la « séparativité ». Seulement, à vrai dire, on ne peut plus alors parler proprement de « bénéfique », non plus que de « maléfique », en tant que ces deux termes sont essentiellement corrélatifs et marquent une opposition qui n’existe plus, car, comme toute opposition, elle appartient exclusivement à un certain domaine relatif et limité ; dès qu’elle est dépassée, il y a simplement ce qui est ; et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la « fin d’un monde » n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion.
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, René Guénon, éd. Gallimard, 1945, chap. XL La fin d'un monde, p. 271-272
Il faut lire lentement pour bien intégrer le concept. Lorsque l'on parle de point de vue partiel inclus (et non opposé) dans un point de vue total, cela peut s'appliquer analogiquement à tous les degrés, qu'il s'agisse d'un être ou d'un monde.
À partir de ce concept, il est plus facile de percevoir un "plan divin" à travers l'enchaînement des cycles terrestres imbriqués dans le Manvantara actuel, c'est-à-dire le cycle de l'humanité toute entière.
Toute existence, tout événement (jugé positif ou négatif par notre point du vue humain limité), toute décision, tout refus d'agir, est lié aux Karmas de chacun. L'ensemble des expériences humaines, conscientes et inconscientes (de nos vies antérieures?) constituent l'âme du monde. À cette échelle supra-humaine, la séparation n'existe plus, nous sommes un TOUT, comme notre corps humain est un TOUT bien que constitué de membres différents, eux même constituées de cellules, qui sont le résultat de l'agglomération d'atomes, etc...
À cette échelle, Satan (la séparation / limitation, Saturne) est vaincu par le "bénéfique" qui l'englobe et redevient un ange serviteur comme à l'origine, dès lors l'illusion de la prétendue égalité entre Dieu et Diable se dissipe puisqu'au final ce dernier sert les intérêts du 1er (sans en être conscient) par les épreuves qu'il soumet à l'homme. Ces épreuves sont autant de prise de conscience possibles propices à l'évolution spirituelle, évolution qui est le plus souvent visible en "dézoomant" à l'échelle d'une vie ou de plusieurs réincarnations.
En fait, je pense que si l'on parvient à comprendre ce passage du livre de Guénon, on peut se faire une idée plus précise du Sens de la Vie.
C’est toujours en somme, le point de vue partiel qui est « maléfique », et le point de vue total, ou relativement tel par rapport au premier, qui est « bénéfique », parce que tous les désordres possibles ne sont tels qu’en tant qu’on les envisage en eux-mêmes et « séparativement », et dont, dépouillés de leur aspect « négatif », ils sont des éléments constitutifs au même titre que toute autre chose ; en définitive, il n’y a de « maléfique » que la limitation qui conditionne nécessairement toute existence contingente, et cette limitation n’a elle-même en réalité qu’une existence purement négative. Nous avons parlé tout d’abord comme si les deux points de vue « bénéfique » et « maléfique » étaient en quelque sorte symétriques ; mais il est facile de comprendre qu’il n’en est rien, et que le second n’exprime que quelque chose d’instable et de transitoire, tandis que ce que représente le premier a seul un caractère permanent et définitif, de sorte que l’aspect « bénéfique » ne peut pas ne pas l’emporter finalement, alors que l’aspect « maléfique » s’évanouit entièrement, parce que, au fond, il n’était qu’une illusion inhérente à la « séparativité ». Seulement, à vrai dire, on ne peut plus alors parler proprement de « bénéfique », non plus que de « maléfique », en tant que ces deux termes sont essentiellement corrélatifs et marquent une opposition qui n’existe plus, car, comme toute opposition, elle appartient exclusivement à un certain domaine relatif et limité ; dès qu’elle est dépassée, il y a simplement ce qui est ; et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la « fin d’un monde » n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion.
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, René Guénon, éd. Gallimard, 1945, chap. XL La fin d'un monde, p. 271-272
Il faut lire lentement pour bien intégrer le concept. Lorsque l'on parle de point de vue partiel inclus (et non opposé) dans un point de vue total, cela peut s'appliquer analogiquement à tous les degrés, qu'il s'agisse d'un être ou d'un monde.
À partir de ce concept, il est plus facile de percevoir un "plan divin" à travers l'enchaînement des cycles terrestres imbriqués dans le Manvantara actuel, c'est-à-dire le cycle de l'humanité toute entière.
Toute existence, tout événement (jugé positif ou négatif par notre point du vue humain limité), toute décision, tout refus d'agir, est lié aux Karmas de chacun. L'ensemble des expériences humaines, conscientes et inconscientes (de nos vies antérieures?) constituent l'âme du monde. À cette échelle supra-humaine, la séparation n'existe plus, nous sommes un TOUT, comme notre corps humain est un TOUT bien que constitué de membres différents, eux même constituées de cellules, qui sont le résultat de l'agglomération d'atomes, etc...
À cette échelle, Satan (la séparation / limitation, Saturne) est vaincu par le "bénéfique" qui l'englobe et redevient un ange serviteur comme à l'origine, dès lors l'illusion de la prétendue égalité entre Dieu et Diable se dissipe puisqu'au final ce dernier sert les intérêts du 1er (sans en être conscient) par les épreuves qu'il soumet à l'homme. Ces épreuves sont autant de prise de conscience possibles propices à l'évolution spirituelle, évolution qui est le plus souvent visible en "dézoomant" à l'échelle d'une vie ou de plusieurs réincarnations.
En fait, je pense que si l'on parvient à comprendre ce passage du livre de Guénon, on peut se faire une idée plus précise du Sens de la Vie.
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