S’il y a un documentaire à voir pour comprendre le chaos mondialisé dans le quel nous sommes empêtré, alors je vous conseille l’adaptation du livre de Naomi Klein La stratégie du choc réalisée par Michael Winterbottom et Mat Whitecross.
Née à Montréal il y a 40ans, Naomi Klein est journaliste, auteur, cinéaste et militante altermondialiste. En 2000 dans son livre No logo elle dénonçait la perversité de la société de consommation et de la mondialisation économique.
Le film La stratégie du choc sorti le 3 mars 2010 reprend la trame du 3ème livre à succès de la militante.
Des crises « utiles » pour l’ultralibéralisme
Le film fait se succéder des images d’archives entrecoupées de passages de conférences dans lesquels Naomi Klein expose les arguments de son livre. Pendant 1h22, la journaliste nous révèle les événements de ses dernières années marquées du sceau de la doctrine économique de Milton Friedman de l’école de Chicago (prix noble d’économie en 1976 !), laquelle repose sur la provocation d’un choc psychologique pour imposer aux populations des réformes qui ne pourraient être possibles sans crise.
Ainsi le coup d’Etat de Pinochet au Chili en 1973 fut l’expérience test des « Chicago boys » pour juger de l’efficacité de l’application de cette doctrine économique barbare qui serait, à grande échelle, un calque des expérimentations électromagnétiques menées par la CIA dans les années 50 : manipuler une population suite à un traumatisme collectif qui la contraint à se focaliser sur sa survie à court terme au détriment de ses intérêts personnels sur une plus longue durée.
De là découleraient les réformes menées en Bolivie par la déportation des responsables de gauche, les libéralisations qui ont suivi la chute du bloc de l’est en Pologne et Russie au début des années 90, la politique de Margaret Thatcher au Royaume-Uni et les politiques pratiquées aux Etats-Unis depuis 1990 et plus particulièrement sous l’administration Bush.
L’auteur prend pour exemple la privatisation progressive de la sécurité aux Etats-Unis qui fut développée « grâce » aux attentats du 11 septembre 2001. La privatisation de l’armée s’est ensuite infiltrée progressivement dans les conflits en Afghanistan et en Irak.
A l’appui de sa thèse, Naomi Klein met en exergue les réformes qui ont suivi la crise asiatique en 1997 qui aurait été volontairement aggravée par le FMI ou les mesures prises après le tsunami sur les côtés du Sri Lanka en 2004 et l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans.
Tous ces événements tragiques seraient liés à l’avènement du « capitalisme du désastre », qui se servirait intentionnellement des crises et catastrophes pour imposer sous le prétexte de l’urgence la loi du marché et la barbarie de la spéculation, au détriment des valeurs démocratiques.
Par le biais de ce documentaire, la thèse de Naomi Klein trouve un media adapté à sa diffusion au large public. Au-delà du simple diagnostic, le film est propice à la réflexion et à la résistance citoyenne et en temps de crise le message de la journaliste a de quoi déranger le pouvoir comme semble l’attester sa projection dans seulement 23 cinémas français (bon courage si vous parvenez à la voir en salle !). Bref, autant de raison pour découvrir La stratégie du choc, qui est une source d’informations précieuse pour s’armer face aux dérives du système capitaliste et reprendre notre destin en mains.
Et aujourd’hui où en sommes-nous ?
Naomi Klein semble être relativement optimiste en ce qui concerne l’avenir proche, en effet la « stratégie du choc » ne peut exister que si ces mécanismes sont méconnus du peuple. Aujourd’hui la crise économique mondiale marquerait les limites de ce « corporatisme » immoral qui attaque lâchement les citoyens dans leur moment de grandes faiblesses. Aujourd’hui les ficelles seraient trop grosses pour duper les gens.
Difficile de ne pas rapprocher cette « stratégie du choc » à d’autres événements plus récents survenus après la parution du livre, tels que l’exclusion des anciens habitants de l’Aquila en Italie après le tremblement de terre en 2009 ou la justification des restrictions budgétaires en Grèce suite à son endettement amplifié par la banque Goldman Sachs qui aurait spéculer sur le dos du pays tout en se faisant rémunérer par Athènes pour l’aider à gérer sa dette ( ?!?) : http://www.mecanopolis.org/?p=13997
Et en France me direz-vous ? On peut voir que l’essor des mesures libérales a accompagné la dégradation du tissu social.
Diviser le peuple pour mieux régner où comment pratiquer la politique par l’utilisation d’un bouc émissaire : Mettez le feu à la maison en accusant les communistes, Al Qaida, ETA, les racailles ou la nature de l’avoir allumer (raillez mention inutile), puis débarquez tel un sauveur sans oublier de conditionner votre aide selon vos propres intérêts et le tour est joué.
Vous souvenez-vous de l’incendie du Reichstag du 27 février 1933?
Plus le mensonge est gros et plus il passe.
La Stratégie du Choc, de Naomi Klein :
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